La balle ne sifflera même pas
(Parenthèse)
La guerre approche
Il fait noir,
Et avant il a fait blanc.
Mais il fait noir.
Stop !
Le jour s’est levé.
Je jaillis du talus
Je cours bondis trébuche
Les bombes sifflent autour
de moi
De nous
Je crache mes ordres
En alerte
L’ennemi peut surgir
Là-bas sur le front vert
D’un coup tout est calme
La tension retombe.
Tous ces événements
N'étaient que des mots,
L’entraînement est fini ;
Je continue de me sentir mal.
Devenir un bon soldat ?
Connerie !
La seule chose qui me fasse tenir,
Respirer encore et encore
C’est qu’un jour peut-être
J’aurai à te défendre.
Donner ma vie
Et être efficace,
Réussir La seule mission :
Tu dois vivre,
Seule priorité.
Il neigera peut-être demain.
Entendez-vous le bruit des bottes ?
Mais , si toi aussi tu m’
abandonnes . . .
Le vivant rideau de neige avançait
Sur le val moussu.
Brouillant la ligne de crête
Et le thalweg broussailleux
Il avala lentement le véhicule kaki
Bientôt les cristaux
Décoreront les accrocs de mon treillis
Bientôt dans mon trou
Je transpercerai les fils tombant
Dans l'attente de l’infâme salaud
Les salauds se redressent ! Ecoutez !
Et je n’aurai pas froid
Tu seras un foyer dans mes pensées
Alimentées ad lib
Par le souvenir d’anciens
vers
Mais , si toi aussi
tu m ‘ abandonnes .
. .
?
FETICHE :
Pour courir, j’ai besoin d’elle
Qu’elle soit avec moi !
Au combat
J’obéis à ses ordres
Je tire si on la menace
Je vis avec elle
Toutes mes réussites
Lui sont dues, dévouées, dédiées
Son souffle est l’esprit sacré
Qui guide mes actions
Et son souvenir
Est la tutelle de mon âme
Je me tiens droit sous le feu
Parce qu’elle pense à moi
Je ne suis peut-être rien pour elle
Je ne suis peut-être
Plus rien du tout.
Ses yeux ne sont plus dans le ciel
Un voile noir recouvre mon talisman
J’ai peur de vivre
Je ne veux pas mourir
Pas encore
Pas avant de t’avoir aimée
|
?
La guerre sera là
Et cette fois nous serons vraiment séparés
Pas de week-end
Pour respirer se voir s’embrasser
Sale puant fort mâle imbécile
Je progresse
Sans appliquer d’imbéciles cours théoriques
La mort n’arrête pas de me rater
Bondissant de poitrine en poitrine
Frappant d’autres ombres
Si toi aussi . . .
Je ne suis qu’une motte de terre
Se dressant parfois
Tel un humain
Mes mains crachent la mort
Mais pas trop
Je n’ai
toujours pas l’habitude
Mon cœur n’a pas
encore
Eté entièrement rongé
Tu vis et je pense à toi
Il continue de battre.
KARDIE :
Flux, reflux
Pression, rappel
Le ciel bleu passe
Sur fond de nuages blancs
Tonnerre et retour de flamme
Qui donne la vie et donne la vie
Clin d’œil, baiser
Volé, donné,
Offert, reçu.
Sentiments et regards.
L’amour s’installe
Dans le va et vient
Bercé, bercé
Au chaud
Insensible au temps
Au ciel bleu qui s’enfuit
Et ton regard qui me recouvre.
|
Et nous continuons de nous battre
Nos pas labourent la terre
Nos balles labourent
l’air
Se croisent s’effraient
Nous font plonger ou choir
Combien de temps déciderai-je
Encore de ma chute ?
Est-ce l’aura de mes pensées pour toi
Qui me protège
encore ?
Je n’en sais rien
Reste avec moi
Je me couche
chaque soir
Dans mon trou
Toujours accompagné
Jamais le même binôme
Toujours les
mêmes pensées
Automne automne
Où sont tes violons aux sanglots longs ?
Annonce de la fin.
Annonce de ma fin ?
Temps des héros véritables
Et des morts qui ont gardé la vie
Qui ont gagné la vie,
Les vies.
Annonce de la fin,
Annonce de ma fin
Bien trop brutale.
Je te reverrai dans un mois
Que le concert
attende
Permission de vivre quelques jours
Irai-je ?
J’ai peur d’avoir peur
Insupportable
Peur de gâcher nos moments de
vie
Par ma mort
trop proche
Car elle viendra
silencieuse et sournoise
Mais surtout
Si toi
aussi tu
m ’ abandonnes .
. .
J’ai peur de n’être déjà plus
vivant
Cela se sent, non ?