Quelques anti-lettes
(de rupture)
- Pour une fois, cette page ne contient pas un mais quatre poèmes, un
jour chacun aura sa place, pour le moment ils forment un quadriptyque
du pitoyable -
----------------------------------------------------------------
Anti-lettre n°1
A quoi bon vouloir t’écrire ?
Je n’ai plus rien à te mentir.
Tu décides toujours de tout
Mis à mort, la corde au cou
entre enfer et paradis
A quoi bon pouvoir t’aimer ?
Tu crains trop de m’abîmer
J’hésite entre les néants
Verre brisé à bout portant
entre promesse et non-dits
entre hier et aujourd’hui
entre plus tard et jamais
entre nous
Sans doute pas
----------------------------------------------------------------
Anti-lettre n°2
J'avais quelque chose à te dire
C'était définitif...
... mais tes yeux ...
Je m'étais préparé au pire
Adieu à jamais...
... mais leur bleu ...
Chaque fois que j'écris ton nom
Je voudrais l'effacer...
... mais ton sourire ...
Nuit après nuit je rêve d'un "non"
----------------------------------------------------------------
Anti-lettre n°3
Message pour moi-même
Objet : possible engagement affectif
Et pourquoi pas ?
Une jeune fille de 18 ans
Avec un chapeau sur la tête
Je n’y pense pas, je n’y pense pas
Une jeune fille de 18 ans
Elle pourrait bien parler javanais, chinois ou Baudelaire
Je n’y pense pas, je n’y pense pas
Une jeune fille de 18 ans
Avec des rires plein mes yeux
Des espoirs du matin et des chagrins du soir
Je ne m'en souviens pas, je ne m'en souviens pas
Et surtout pas,
crois moi !
----------------------------------------------------------------
Anti-lettre n°4
Ce serait bien de dire les choses
Et mieux encore de les écrire
Ne plus t'envoyer de roses
Cesser enfin de se mentir
Mais les voisins, le facteur et le banquier
Seraient si tristes, si tristes,
Mais changer d'habitudes,
Serait si suffocant, vraiment
Il faudrait que tout soit différent
Au risque de nos solitudes
Il faudrait explorer de nouvelles pistes
Mais j'en suis déjà bouleversifié
Alors, alors, continuons donc ainsi à ne pas vivre.