Or, ni, car...
Mais où est donc Ornicar ? Quel drôle de nom ! Parfait pour un hamster.
Ornicar, or, ni, car... l'esprit de l'écolier s'égare quelque part
entre son cahier et six heure moins le quart.
Tic tac, tac, tic tac, tac, tac
Derrière son dos, le couteau de sa mère mêle son ½uvre aux rebonds de
l'horloge. Si lentement que le rythme semble irréel. C'est l'heure de
la leçon, mais la leçon s'est envolée sur les ailes d'Ornicar...
Conjonctions. Le mot se dresse droit sur la page de son cahier.
L'écolier écoute attentivement son papa lui parler des étoiles. Papa
qui le prend et le soulève jusqu'au bord de l'infini, l'½il collé à la
lunette qui s'abreuve de lumière millénaire.
La lunette est là, rangée dans le cellier, la porte à côté du frigo.
Maman referme le frigo, elle continue d’avancer si lentement... Tout
est si lent, il n’y a plus de tic-tac. Et le frigo ne grandit plus, il
s’étire puis se contracte, en long puis en large. Il essaie
d’apercevoir Ornicar. Il risquerait de venir ronger ses fils. On ne se
méfie jamais assez des hamsters qui s’appellent Ornicar !
L’écolier n’ose pas lever les yeux vers l’horloge, il est sûr que le
hamster s’est accroché à l’aiguille des secondes pour l’empêcher
d’avancer. Il doit parlementer avec celles des minutes et des heures,
qui sont beaucoup plus fortes, beaucoup moins influençables. Mais il
est fort, il sait coordonner ses efforts...
Méfions-nous, méfions-nous. Soyons plus malin. Tournons la page pour
changer le monde. Doucement ! Ornicar ne doit rien savoir. Basculons
vers ailleurs.
Aussi vite qu’un nuage, intangible entre ses doigts, la feuille
recouvre Ornicar et ouvre la fenêtre. L’écolier lève les yeux, il est
six heures, un baiser se pose sur son front.
Le temps l’a rattrapé, il peut aller jouer. Ornicar s’est allongé au
fond de sa mémoire. Il est très bien où il est, mais il s’en moque.